Les travaux de transformation de l’étable de Sophie Bédard et Dave Fortier, de la Ferme Panama de Saint-Pierre-Baptiste au Centre-du-Québec ont été éprouvants au niveau humain, mais ils se disent aujourd’hui très satisfaits de leur étable.
Voici la suite et la conclusion de cette série d’articles dans laquelle nous vous présentons l’historique du projet de rénovation de l’étable de la Ferme Panama, étape par étape.
L’aspect humain
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Avec les prix des veaux qui ont explosé depuis 2022, les producteurs de veaux et de bouvillons ont de la difficulté à financer l’achat d’animaux. Il en résulte des places vides dans les bâtiments.
L’entrepreneur est arrivé le 27 août et le 17 septembre, les ouvriers étaient partis. Cette période a été tellement éprouvante que Dave et Sophie étaient exténués. Puis, les vaches devaient apprendre à aller au robot. Ils avaient le goût de pleurer. L’étape de devoir pousser les vaches au robot est d’ailleurs ce que Dave a trouvé le plus difficile après avoir travaillé 15 heures par jour pendant trois semaines.
Près d’un mois après la fin des rénos, toute la famille élargie a pris une fin de semaine de vacances pour célébrer les 40 ans de Dave. La Coop de remplacement a été engagée pour s’occuper de la ferme.
Sophie explique qu’ils l’auraient fait même sans occasion spéciale. C’est d’ailleurs quelque chose qu’elle suggère pour quiconque planifie un tel projet.
« Une chose qui nous a aidé à passer au-travers – ça paraît peut-être anodin, mais les réseaux sociaux, raconte Sophie. J’ai publié beaucoup – à tous les jours – et il y avait beaucoup de gens qui écrivaient : “Lâchez-vous, vous ne le regretterez pas.”» Dans l’étable, Sophie faisait jouer à tue-tête la chanson « We will rock you » de Queen dans l’étable pour encourager l’équipe.
Deux journées ont été particulièrement intenses, alors que tous les corps de métier étaient présents, une quinzaine de personnes au total. L’étable était pleine de monde : l’électricien, le plombier, les gars de tapis, en plus des ouvriers du contracteur et la famille. « Un moment donné, j’ai dit : “C’est beau, on sort la bière!” », dit Sophie.
Aujourd’hui, ils sont reconnaissants de toutes les personnes qui les ont aidés à passer au travers, que ce soit du côté des ouvriers, de la famille ou même des amis qui s’occupaient des enfants ou venaient porter du café à 4h du matin.
« Le père à Dave a été un phare pour ce projet-là. Tous les jours, il était présent. » Son appui est tel que Sophie et Dave ont surnommé Roch Fortier, le ROCK.
La famille a d’ailleurs été au centre de leur décision de rénover. Ils apprécient pouvoir passer plus de temps avec leurs proches depuis qu’ils ont leur nouvelle étable. « Le but de ça, c’est de travailler de 8 à 5 dans l’étable et le reste du temps d’être avec nos enfants », dit Sophie.
Nouvelle étable
La baisse de production laitière a été un élément stressant puisqu’il y a des paiements à faire. Au démarrage du robot, les vaches peinaient à y aller une fois par jour. Heureusement, un mois après les rénovations, la production laitière est revenue à ce qu’elle était avant. Après trois mois, les vaches y vont trois fois par jour.
« Notre force, c’est vraiment la gestion des vaches, explique Sophie. Mais il n’y a personne qui est capable de mettre les vaches au robot sans souffrir. »
Maintenant que les vaches sont habituées, ils peuvent vraiment apprécier leur nouvelle étable. Au-delà de la traite robotisée, c’est la relation avec les vaches qu’ils aiment. « Les vaches viennent nous voir, se faire gratter, dit Sophie. On ne fait pas juste les traire et les envoyer dehors. On les voit pareil comme au pâturage, mais à côté de toi. »
Côté bien-être animal qui est une valeur importante de l’entreprise, Sophie pense que c’est mieux. « Moi, je pense qu’ils ont un meilleur confort hivernal », dit-elle. En été, les vaches vont au pâturage, mais en stabulation entravée, en hiver, elles restaient toujours au même endroit avec les mêmes voisines.
Maintenant, Sophie remarque que les vaches se font des copines et qu’elles se déplacent et font des activités ensemble, comme aller boire ou manger.
« On le voit aussi parce qu’elles sont calmes. Ça ne court pas dans l’étable. Ça ne fait pas de bruit. Ça ne beugle pas », raconte Sophie. Elle ajoute que le bien-être animal influence la santé, en particulier les chaleurs. « Les chaleurs sont impeccables », dit Sophie. Ça influence positivement le taux de gestation. Et puis, les vaches mangent de mieux en mieux.
« Moi, je pense que c’est vraiment un upgrade de ce qu’on avait avant », dit Sophie. Ils croyaient bien faire en envoyant leurs vaches au pâturage, mais avec la stabulation libre, elles sont mieux à l’année « psychologiquement et émotionnellement ».

Dave et Sophie sont contents des choix qu’ils ont faits, comme les tapis rainurés en losange dans les zones de passage des vaches et le robot aspirateur de fumier.
Depuis la construction de l’étable entravée en 2019, les coûts de construction ont doublé. « On n’aurait pas pu construire en neuf pour 39 vaches, raconte Dave. Tout au complet, ça aurait été très très difficile. »
Dave est rassuré avec le choix de ne plus élever de génisses. « Je me donne deux ans pour l’essayer, dit-il. Si ça ne fonctionne vraiment pas bien, je verrai pour construire un petit quelque chose à l’extérieur, mais je pense qu’économiquement, ça va être avantageux. »
Même s’ils doivent encore s’adapter aux caprices de la traite robotisée, comme les alarmes en pleine nuit, Sophie et Dave ne regrettent pas leur choix.
« Vraiment! C’est juste que nous sommes débutants en la matière! Quand Dave va avoir passé à travers de chaque nouveau bug…. On n’a jamais été autant avec les enfants ENSEMBLE à faire plein de trucs! C’est magique. »

S’ils ont accepté de participer dans cette série d’articles, c’est que Dave et Sophie veulent aider d’autres jeunes producteurs comme eux dans la réalisation d’un tel projet.
« Nous, on veut être un modèle d’affaire pour la relève agricole, un modèle d’affaire pour les petites familles et pour les vaches au pâturage », explique Sophie.
Ils ont cet automne remporté une médaille de bronze au concours de l’Ordre nationale du mérite agricole, mais loin derrière la première place. Ils sont maintenant motivés pour monter dans le classement dans cinq ans.
Traite robotisée : ils ont choisi la qualité de vie
Rétrofit à la Ferme Panama – Étape 1 : Planification du budget
Rétrofit à la Ferme Panama – Étape 2 : Choix des équipements
Rétrofit à la Ferme Panama – Étape 3 : Planfication des travaux
Rétrofit à la Ferme Panama – Étape 4 : Chantier
Rétrofit à la Ferme Panama – Étape 5 : Pousser les vaches