Si vous voyez des fraises du Québec disponibles en épicerie ou en kiosque, vous n’avez pas la berlue.
Les fraises de variété hâtive cultivées sous bâche et les fraises d’été se pointent le bout du nez un bon deux semaines plus tôt que d’habitude, confirme la présidente de l’Association des producteurs de fraises et de framboises du Québec (AFFQ), Josiane Cormier. « C’est super hâtif cette année. Il n’y a pas eu beaucoup de neige cet hiver et le couvert de neige a fondu rapidement au printemps. On a eu également un printemps chaud qui a favorisé la maturité. On doit maintenant modifier notre promotion en vitesse pour s’ajuster à l’arrivée des fraises sur le marché. »
Josiane Cormier, qui est copropriétaire de la Ferme Cormier à l’Assomption, indique qu’elle en était le 30 mai dernier à sa troisième journée de cueillette des petits fruits.
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Comme à l’habitude, la région de Montréal mène le bal dans les premiers lots de fraises disponibles. Il serait même possible de faire de l’autocueillette dès la semaine prochaine, selon les producteurs qui l’autorise. Avec un mercure qui devrait dépasser les 30 degrés Celsius au début de juin, la maturité des fruits en champ devrait être accélérée encore plus. La qualité devrait être également au rendez-vous, si les bonnes conditions se maintiennent.
Pour l’instant, le début de la saison se déroule assez bien, selon la productrice. Un gel significatif a eu lieu dans la région de Montréal, mais comme les fleurs en étaient au stade bouton, les dommages ont été limités. « Ce n’est rien de comparable à ce qu’on a connu comme gel en 2023 », souligne Josiane Cormier. En mai de l’an dernier, plusieurs nuits consécutives sous le point de congélation avaient causé d’importantes pertes liées au gel chez les producteurs sur un large territoire. Le même scénario s’était répété chez les vignobles et les producteurs de raisins de table. Aucun ravageur ou maladie fongique ne faisait l’objet d’avis significatif, relève Josiane Cormier.
Tout n’est cependant pas facile après l’année désastreuses de 2023. Après les gels, les producteurs ont dû affronter un été particulièrement froid et pluvieux qui a détruit les cultures par endroits et endommagé les plants.
L’AFFQ procède ces temps-ci à un sondage pour évaluer la situation des producteurs. Les conditions de l’été dernier ont eu des impacts à long terme qui se font toujours sentir, puisque les plants de fraises sont des espèces qui demeurent au champ au moins deux ans, explique la présidente de l’association. « En avril, il y avait des producteurs qui avaient des marges de crédit accotées », dit-elle.
Les producteurs de fraises adhèrent peu aux programmes de la Financière agricole, mais la nature des dommages n’a aucun rapport avec une saine gestion, ajoute Josiane Cormier. Pour l’instant, les propositions de la Financière sont jugées inadéquates par l’AFFQ, tandis que c’est silence radio du côté des programmes Agri-relance du fédéral.
L’Union des producteurs agricoles, qui a révélé les résultats d’un sondage indiquant que la situation financière des agriculteurs s’était encore dégradée depuis un an, espère avoir des réponses à ses demandes d’une aide plus en phase avec les problèmes financiers et climatiques que vivent les agriculteurs.