L’année 2022 s’est avérée chargée. Les défis ont été complexes à relever dans le secteur agroalimentaire. Et malgré le souhait de plusieurs de connaître une période plus calme, 2023 risque d’être tout aussi compliquée avec la récession qui pointe à l’horizon.
L’Institut canadien des politiques agroalimentaires (ICPA) a profité de la fin d’année pour présenter un bilan des douze derniers mois. Si en début d’année les principaux risques évalués étaient la hausse des prix des aliments, le fonctionnement en silos de l’agroalimentaire et les pressions de la réglementation, la situation s’est avérée être tout autre. Même avec deux années marquée par la COVID-19, 2022 a offert de nouveaux défis. Plusieurs éléments perturbateurs ont bouleversé le secteur, dont la guerre, l’inflation, le prix des engrais, les chaînes d’approvisionnement et le contexte géopolitique.
Le secteur agricole au Canada n’a pas échappé à ces tendances, le tout dans une période où les connaissances, l’environnement et les gens changent constamment.
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L’ICPA a identifié cinq éléments à retenir pour 2022. Le premier est le constat que le cadre dans lequel les entreprises et les gens évoluent se complexifie sans cesse, mais également, qu’un coup de barre doit avoir lieu dans les manières de faire, comme l’ont démontré la COP27 et la COP15. En second, la situation de la main-d’œuvre s’améliore tranquillement, mais la pénurie est toujours présente. La question géopolitique suit puisqu’elle joue un plus grand rôle avec le retour des nationalismes, à contre-courant des politiques mises en place dans les dernières décennies pour libéraliser le commerce. Le protectionnisme, qui se fait sentir au niveau mondial, constitue une entrave au commerce et complique les échanges. L’organisme souligne également l’inflation au Canada qui a causé sa part de maux de tête. Elle est la conséquence de la COVID-19, les problèmes dans les chaînes d’approvisionnement, la faiblesse du dollar canadien et la pénurie de main-d’œuvre. L’institut observe de plus que la concentration des activités entre quelques joueurs a certainement eu un rôle à jouer dans la hausse des coûts au pays. Finalement, la productivité a été mise en faute à plusieurs reprises cette année. Une réflexion sera nécessaire pour remédier aux problèmes soulevés et sur les investissements à faire pour améliorer la situation.
L’ICPA conclut que le statu quo n’est plus possible. « On ne peut pas revenir à ce que l’on faisant auparavant », a indiqué Tyler McCann, directeur général de l’institut. Au Canada, il faudra réfléchir à un nouveau cadre agricole et amorcer des consultations. La question de la réduction des fertilisants devra être débattue tandis que la géopolitique des aliments sera au centre des discussions à l’international, que ce soit au sein du G7, le G20, l’APEC ou l’ONU.
Les risques pour 2023
Paneliste invitée à la présentation, l’agronome Stéphanie Hamelin, directrice principale, risque et crédit à la Banque Nationale, a présenté les risques entrevus pour 2023.
La question, selon elle, est savoir comment s’adapter face aux facteurs déstabilisateurs de 2022 qui ont fait dérailler les modèles micro et macro économiques. Avec des risques économiques et financiers en hausse, les entreprises devront maîtriser davantage les chiffres, comme par exemple l’endettement et les flux de trésorerie. Les modèles de gouvernance sont aussi appelés à changer, comme on le voit avec de nouveaux modèles d’affaires, surtout dans l’Est du pays, où les entreprises se diversifient et intègrent la transformation. L’automatisation doit être prise en compte dans les activités, ce qui comprend l’utilisation des données. La cybersécurité sera aussi à l’ordre du jour face aux menaces croissantes provenant du net quant à la protection de données personnelles. Mme Hamelin a terminé en citant les risques liés à l’environnement qui constituent un risque majeur pour la production.
L’experts a conclu en précisant que les trois piliers sur lesquels l’agriculture devrait insister dans les prochaines années étaient la protection des terres arables, l’éducation et la vulgarisation quant à l’accès aux capitaux.