Au Canada, les normes bio doivent être révisées tous les cinq ans. Le processus de révision est très lourd et requiert un travail colossal de la part de tous les intervenants — en particulier des coordonnateurs du processus à la Fédération biologique du Canada (FBC).
Agriculture et Agroalimentaire Canada, qui observe une demande croissante des produits canadiens sur le marché international depuis quelques années, reconnaît l’importance de cette révision. AAC a annoncé en février 2024 l’octroi de 502 374 $ à la FBC pour l’aider avec cette mise à jour des normes. Le Bulletin des agriculteurs a parlé avec Nicole Boudreau, coordonnatrice de la FBC, pour qu’elle nous décrive comment se déroule la révision des normes biologiques au Canada.
«Une norme qui n’est pas renouvelée devient obsolète.» Nicole Boudreau de la Fédération biologique du Canada résume ainsi le point de vue de l’Office des normes générales du Canada (ONGC) concernant toutes les normes sous sa responsabilité. Les normes biologiques canadiennes n’y échappent pas et doivent être renouvelées aux cinq ans, et la prochaine révision est prévue en 2025. C’est le rôle de la Fédération biologique du Canada de suivre les procédures de normalisation dictées par l’ONGC pour la mise à jour, et elle coordonne le déroulement des différentes étapes de la révision des normes biologiques canadiennes.
À lire aussi

Un pas de plus vers des normes biologiques plus claires
La Fédération biologique du Canada mène un processus de révision des Normes biologiques du Canada. Les propositions de modifications sont maintenant entre les mains des Canadiens.
La première étape est une grande consultation de tous les intervenants du milieu pour recueillir les recommandations de changements. Cette consultation, qui a eu lieu en août 2023, a permis de colliger environ 300 demandes d’ajouts, de corrections ou de clarifications des normes bio, selon Nicole Boudreau. Le nombre de demandes varie selon le cycle de révision (il y en avait eu 200 en 2020 et 400 en 2015). Elles touchent évidemment tous les domaines couverts par les normes — production végétale, industrie laitière, élevage, acériculture, etc. La majorité des demandes sont liées à la production végétale.
Les 300 demandes doivent ensuite être examinées. À l’automne de 2023, la FBC a procédé à un appel pour trouver des participants à des groupes de travail pour chacun des domaines. Ces groupes seront chargés d’examiner les demandes. «On a reçu 125 demandes de gens qui voulaient participer. Ensuite, on a monté les groupes de travail en limitant leur taille à 15 personnes. On veut un certificateur, beaucoup de producteurs, avec un équilibre de représentation. Les certificateurs, lorsqu’ils visitent les fermes, voient ce qui fonctionne et ce qui cause des problèmes», raconte Nicole Boudreau.
La fédération a engagé des présidents et des secrétaires pour mener les différents groupes de travail. Les groupes se réunissent pour étudier les demandes qui proviennent de la consultation afin d’émettre des recommandations qui tiennent compte d’une analyse de l’impact sur les producteurs si la demande va de l’avant. Par exemple, en production laitière, les producteurs qui ont des stalles entravées où les vaches sont attachées l’hiver sont obligés de faire bouger leurs animaux deux fois par semaine pour leur faire faire de l’exercice.
La FBC a reçu une demande pour changer la fréquence à une fois par jour. L’analyse du groupe de travail concerné doit déterminer si le changement est possible dans la pratique. Les demandes proviennent de tous les intéressés — producteurs, évidemment; mais aussi des consommateurs, ou des organismes comme Les Producteurs laitiers du Canada et la SPCA. Le processus doit traiter toutes les demandes avec l’objectif de trouver un équilibre entre les intérêts des demandeurs et la capacité du producteur à appliquer la norme tout en gardant son opération rentable.
La FBC rassemble les recommandations des groupes de travail puis les présente à un comité technique géré par l’ONGC. «On va présenter 60 recommandations aux membres votants du comité technique. Lorsque toutes les recommandations auront été présentées au comité, le processus passe à l’étape de la consultation publique — on va publier les recommandations retenues et tout le monde va pouvoir commenter», décrit Nicole Boudreau. Cette consultation publique devrait avoir lieu au printemps 2025. En 2020, la consultation avait généré 780 commentaires lors de la consultation publique sur les recommandations retenues.
À l’étape suivante, la FBC doit déterminer si les commentaires affectent le travail des différents groupes. À la suite de cette rétroaction avec les groupes de travail, l’ONGC organise un scrutin final avec les membres votants du comité technique. Lorsque les résultats du scrutin sont connus, la norme révisée est publiée.