Avec le réchauffement climatique, les insectes seront de plus en plus nombreux dans nos champs. Comment s’adapter à cette réalité changeante?
Dans Lanaudière, il fait en moyenne 1,8 degré C de plus que dans les années 1980. En 2050, ce sera trois degrés C de plus. Ces chiffres ont été présentés lors du dernier Rendez-vous végétal par l’agronome Sylvestre Delmotte, consultant en agroenvironnement, modélisation et démarches participatives chez Agriclimat.
Les agriculteurs de Lanaudière ressentent déjà cette hausse de température, rapporte Sylveste Delmotte. À ce jour, la hausse a été bénéfique pour les cultures. Cependant, on peut s’attendre à ce que le prolongement de la saison de culture et les hivers moins rigoureux aient aussi des conséquences moins souhaitables. « Il faut s’attendre à avoir une pression supérieure des ravageurs », a prévenu Sylvestre Delmotte.
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Plus il fait chaud, plus les insectes se développent vite et plus ils arrivent à compléter de cycles de reproduction dans une même saison. Rajoutez à cela les hivers plus doux et tout sera en place pour une explosion des populations.
« Les hivers plus doux vont faire en sorte que plusieurs espèces vont être capables de davantage survivre à l’hiver et donc de s’implanter, de passer les hivers ici alors qu’habituellement ce sont des insectes qui chaque année remigrent depuis le sud », a expliqué l’agronome.
Concernant les maladies fongiques, le portrait est moins préoccupant, estime Sylvestre Delmotte. La croissance des champignons dépend de l’humidité et de la température. L’humidité en tant que telle n’est pas appelée à changer, mais les températures, elles, vont monter. Plusieurs types de champignons ne tolèrent pas les températures élevées.
Quoi faire?
Il faudra continuer à surveiller ses champs et faire du dépistage, mais aussi réfléchir à des stratégies innovatrices, avance Sylvain Delmotte. Parmi les pistes proposées, il y a celles d’étudier le synchronisme entre le cycle de la culture et les cycles de vie des insectes, modifier le travail de sol et créer des espaces favorables à la biodiversité.

C’est sur cette dernière voie que le producteur laitier Michael Jeker s’est engagé. La Ferme Cristallina nourrit 90 vaches en lactation et cultive sur 147 hectares dans les environs de Saint-Barthélemy, dans Lanaudière.
« Les insectes ne sont pas tous nuisibles, donc si on veut contrôler ceux qui sont nuisibles, il faut qu’il y en ait assez de ceux qui sont bénéfiques », a exposé le producteur lors du Rendez-vous végétal, le 18 février dernier à Saint-Hyacinthe.
Il s’agit donc de donner de l’espace aux insectes. À la Ferme Cristallina, cet habitat se trouve dans des bandes riveraines arbustives et fleuries.
« La biodiversité, on a de la misère des fois à la mesurer, puis souvent on se rend compte des effets d’une espèce qui était vraiment essentielle une fois qu’elle n’est plus là », illustre Michael Jeker. Les bandes riveraines ont aussi d’autres avantages, fait-il valoir, comme retenir la neige, stabiliser les berges et prévenir l’érosion.
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