Les inquiétudes concernant la pyrale du maïs résistante au BT augmentent

Publié: 25 juin 2023

Pyrale du maïs résistante au Bt sur un plant de maïs en Nouvelle-Écosse en 2018.

Les populations de pyrale du maïs résistantes au Bt posent un risque important pour les producteurs agricoles du pays.

Avec la découverte de multiples résistances, il est possible que les technologies de contrôle basées sur le Bt cessent de fonctionner contre le ravageur problématique, selon le personnel de vulgarisation du ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et des Affaires rurales de l’Ontario.

Des méthodes de lutte antiparasitaire plus anciennes et plus coûteuses pour l’environnement, y compris les applications répétées d’insecticides en saison, pourraient donc faire leur retour.

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La pyrale du maïs est connue pour avoir plus de 200 plantes hôtes, affectant une gamme de cultures commerciales importantes telles que les poivrons, les pommes de terre, le blé et le maïs, ainsi que d’autres produits de grande valeur comme le houblon et le cannabis. Elle a été largement contrôlée dans les grandes cultures avec des pulvérisations foliaires à base de Bt et des hybrides de maïs Bt, après l’introduction de la technologie en 1996.

Tracey Baute, entomologiste ontarienne des grandes cultures, considère l’introduction des hybrides de maïs Bt comme une réussite particulièrement importante, mais presque trop réussie. Avec la grande majorité des superficies de maïs régulièrement plantés avec des hybrides Bt, Mme Baute et d’autres estiment que la résistance aux protéines Bt se développe rapidement et pourrait atteindre 90 %.

Le premier cas a été identifié en 2018, lorsqu’une population de pyrales en Nouvelle-Écosse a été découverte comme étant résistante au Cry1F. Une autre population résistante à Cry1F a été trouvée dans le sud du Québec en 2019 et au Manitoba en 2020.

Comme l’explique Mme Baute dans un article daté du 3 mai de Field Crop News, ces cas montrent que la pyrale du maïs devient généralement moins sensible aux protéines Cry1. Ceci est préoccupant, car les producteurs comptent sur quatre protéines Cry pour contrôler le ravageur, dont trois sont dans la catégorie Cry1.

Si la pyrale du maïs peut vaincre l’un d’elle, écrit l’entomologiste, il lui sera beaucoup plus facile de devenir également tolérant aux autres Cry1. La quatrième (Cry2Ab2) doit être couplée avec Cry1A.105 pour être efficace.

Cry1A.105 est la seule protéine Cry1 restante efficace contre la pyrale du maïs en Nouvelle-Écosse et la résistance pourrait survenir rapidement.

Dans une entrevue avec Farmtario, Mme Baute déclare que la perte de sensibilité de la pyrale au Bt affectera ceux qui dépendent des pulvérisations foliaires et de la génétique Bt. De plus, les dommages causés par la pyrale du maïs augmentent la sensibilité des cultures aux mycotoxines.

« Le marché biologique repose sur les insecticides foliaires Bt. Nous ne savons pas si elles peuvent résister à ces [pulvérisations] foliaires, mais c’est un risque réel, car c’est principalement leur outil le plus efficace et le plus utilisé pour la production biologique », dit-elle.

«Nous l’avons pris pour acquis. Nous l’avons tous fait. Parce que Bt a eu tellement de succès, nous avons abandonné le repérage en tant qu’industrie. Nous avons misé sur la confiance. Mais en général, les producteurs ne vont pas chercher la pyrale du maïs. Je ne les blâme pas. C’est juste le succès de Bt. Ce serait dommage de perdre ce succès. »

Atténuation des risques

Il existe des moyens de réduire le risque de développement de résistance, ainsi que la croissance des populations de pyrale du maïs en général.

Le déchiquetage des tiges de maïs avec une  faucheuse rotative après la récolte est l’une des meilleures méthodes de prévention, indique Mme Baute. Passer la machinerie en automne affecte les pyrales du maïs au stade larvaire, empêchant l’hivernage. Ceci est d’autant plus important que la résistance de la tige des variétés de maïs modernes constitue un habitat particulièrement propice aux ravageurs.

« Vous avez besoin d’une faucheuse rotative pour descendre suffisamment bas par rapport au sol. Même à la récolte, abaissez un peu la moissonneuse-batteuse si vous le pouvez. Le travail du sol seul [ne fonctionnera pas]. Vous ne pouvez pas simplement labourer… mais le déchiquetage et l’enfouissement fonctionnent. C’est ce que nous devions faire il y a 100 ans, selon le Corn Borer Act. »

La surveillance de l’activité et des masses d’œufs est essentielle, tout comme la communication des résultats au ministère provincial de l’agriculture.

« Nous devons travailler en groupe. Nous travaillons maintenant sur la façon d’agir plus largement. Même si vous voyez des masses d’œufs, sachez que ce champ doit être examiné plus tard », explique Mme Baute.

« Ayez une discussion franche avec le personnel de vente et déterminez, surtout s’il s’agit d’une utilisation répétée des mêmes hybrides et traits, si vous voulez cibler la pyrale du maïs. Et si vous le faites, faites une rotation de ces caractéristiques.

D’autres moyens de réduire les risques comprennent la surveillance d’autres cultures hôtes, la plantation d’hybrides avec plus d’une protéine Bt ciblée sur la pyrale du maïs et la non-utilisation d’hybrides de maïs Bt lorsqu’il ne s’agit pas d’un organisme nuisible préoccupant.

« Il s’agit de trouver où nous pouvons gagner du terrain sur la réduction des risques et de sauver cette technologie si nous le pouvons », explique Mme Baute.

« C’est ironique que ce ravageur soit ici depuis plus de 100 ans, mais j’ai appris au fil des ans que les insectes éviteront de disparaître s’ils le peuvent. »

Source: Matt McIntosh, Farmtario

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